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Petite Histoire de la musique classique savante - Musique moderne / Musique contemporaine - |
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Musique moderne (fin XIXème siècle - 1945)
Chronique lue sur Eskale Quilombo le 25 février 2016. Aujourd’hui nous allons nous aventurer dans un univers quasiment jamais abordé par Eskale Quilombo: celui de la musique classique! Bon certes, dans l’univers quasi sans fin de la musique classique, la navette Eskale Quilombo ne va explorer qu'une petite galaxie… celle de la musique savante! Et encore de manière furtive!
Grosso-modo, la galaxie de la
musique savante peut être divisée en 2 parties : la partie musique moderne (fin 19ème
– 1945) et la partie musique contemporaine (post 1945). Cette semaine on
s’attarde donc sur la musique moderne et la semaine prochaine sur la musique
contemporaine.
Mais avant de commencer le voyage interstellaire: la musique moderne quesako ?
C’est avant tout une rupture avec les codes, les conventions, de la musique tonale de l’époque (successions de notes ordonnées dans des gammes mineures ou majeures) faite classiquement de moments de tensions et de détentes.
Il y a bien sur une analogie avec le mouvement Punk dont l'un des objectifs était de se libérer des codes tacites du rock de l'époque.
A part cette volonté de ruptures des codes, il n’y a pas d’unité de style dans la musique moderne, il y a juste cette envie de changement et d'évolution! On trouve donc dans cette nébuleuse, de la nouvelle musique tonale, de l’atonale, du modale, etc…. Bref une floraison de styles différents (comme dans le mouvement punk du début!).
Tout le monde s’accorde à reconnaitre que même si les racines sont à chercher du côté de Wagner et Mahler, l’acte fondateur du mouvement, c’est « le prélude à l’après midi d’une faune » de Claude Debussy. D’ailleurs, Pierre Boulez (un des grands de la musique contemporaine) déclara en 1958 : « de même que la poésie moderne prend sûrement racine dans certains poèmes de Baudelaire, on peut dire que la musique moderne commence avec l'Après-midi d'un Faune. »
Je vais donc vous passer pour
commencer un extrait du « Prélude à l’après midi
d’un faune » enregistré le 22 décembre
1894 où l’on
se déplace comme dans un songe, c’est une musique voluptueuse, faite de
successions d'impressions et donc qualifiée d’impressionniste. A noter que
Debussy pose également les bases de la
musique dite séquentielle, qui donnera plus tard la musique électronique et la
techno… Et en parlant d’impressionnisme, ça tombe bien, car je vous ai concocté
une playlist qui va vous donner une vague impression de l’éventail sonore de la
musique moderne en 8 extraits, pour un total de 11mn. Si j’avais passé les
œuvres en entier on en aurait eu pour 2h57…. D’où le choix des extraits et de la
sensation sonore plutôt que de l’impossible exhaustivité !
Après le calme et l’inquiétant prélude à l’après midi d’un faune donc, la tempête arrive avec d’abord :
Un extrait de « Pierrot Lunaire » de l’autrichien Arnold Schoenberg (1912), sans doute l’une des racines de la musique Punk, l’impression d’écouter Nina Hagen par moment. Arnold Schoenberg est lui l’inventeur de la méthode de diction entre la parole et le chant (que l’on retrouvera ensuite chez les Dub Poets, les deejay puis chez les rappeurs) ; ensuite :
Un monument, un extrait du « Sacre du printemps » (1913) du russe Igor Stravinski. Igor place le rythme comme élément principal de l’œuvre et remet au goût du jour des rythmes moyenâgeux. Le rythme, l’énergie au centre, comme dans le rock’n’roll bordel! Ce qui provoque pas mal de scandales, notamment à Paris à l’époque où il est carrément sifflé ! Ensuite puisqu’on est dans le néo-médiéval avec l’énergie comme élément moteur de l’œuvre:
Un court extrait du célèbre « O Fortuna » de Carmina Burana de l’allemand Carl Orff, composé en 1935-1936, où l’allemand se réfère à la poésie germanique du 13ème siècle notamment. Et puis :
le 5ème extrait pour le hongrois Bela Bartok, pionnier de l’ethnomusicologie, avec un « violin concerto n°2 » de 1937-1938. Ensuite on revient à l’impressionnisme et à l’école debussienne avec
Le français Maurice Ravel, rendu célèbre pour son bolero! Là je vais vous passer un extrait du « concerto pour la main gauche » composé en 1929-1931 et où la partie de piano n’est joué que par la main gauche du pianiste.
Le 7ème et avant dernier extrait sera pour George Gershwin, car la musique moderne s’est également développée de l’autre côté de l’atlantique (Staline et Hitler ont contribué à l'émigration de quelques compositeurs…). Gershwin lui est né à Brooklyn, et est l’inventeur du Jazz Symphonique. Un tube de 1924 : « Rhapsody in Blue ».
Enfin on finit cette petite dégustation, ce 8ème amuse-oreille par Sergueï Prokofiev compositeur russe qui comme son collègue Stravinski privilégie le rythme (associé à un lyrisme moderne pour sa part)! L’extrait sera « Dance of the knight » (Dance des Chevaliers) qui correspond à l'Acte I Scène 2 du ballet « Romeo et Juliette » dont il a composé la musique en 1935.
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Rappel des extraits passés: Ø Claude Debussy : « Prélude à l’après midi d’un faune » – 1894 (France) Ø Arnold Schoenberg : « Pierrot lunaire » - 1912 (Autriche) Ø Igor Stravinski : « Le Sacre du printemps » - 1913 (Empire Russe) Ø Carl Orff : « Carmina Burana - O fortuna» - 1935-1936 (Allemagne) Ø Béla Bartok : « Violin concerto n°2 » - 1937-1938 (Hongrie) Ø Maurice Ravel : « Concerto pour la main gauche » - 1929-1931 (France) Ø Gershwin: “Rhapsody in Blue” – 1924 (Etats-unis) Ø Prokofiev: “Dance of the Knights” – 1935 (URSS)
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Musique Contemporaine (depuis 1945)
Chronique lue sur Eskale
Quilombo le 3 mars 2016. Suite de la
chronique de la semaine dernière sur la musique classique savante. Après
la
musique moderne, on explore la musique contemporaine qui est une évolution de la
musique moderne opérée à l'aide de nouvelles technologies. L'apport
technologique est matérialisé par des supports d’enregistrement (disque,
magnétophone, cassette, DAT, etc…) et par du matériel de diffusion et de
transformation du son (micro, haut-parleur, ampli, instruments de musiques
électroniques comme le thérémine, les ondes Martenot, etc…)
Grosso modo, on peut diviser la musique contemporaine en 3 catégories :
-La première est basée sur la musique écrite, à l’aide de partitions, de tablatures, de symboles divers. Elle nécessite donc un compositeur, puis des musiciens, un chef d’orchestre, bref une composition à l’ancienne comme dans le cas de la musique moderne mais avec de la technologie en plus (micro, ampli…).
-La seconde est basée sur la musique non écrite, qui utilise des sons préalablement enregistrés. Donc Au lieu de partir de ces valeurs abstraites que sont les notes pour aller vers le concret d'un résultat sonore, cette musique prend pour départ des données sonores concrètes, enregistrées, d'origine acoustique ou électronique, organisées par montage et mixage. D’où le nom à l’origine de musique concrète, inventée par le français Pierre Schaeffer en 1948. Musique concrète qui va se muter en musique électronique, musique électroacoustique et finalement en musique acousmatique.
-La 3ème: un mixte de musiques écrites et de musiques non-écrites (sources acoustiques et électroacoustiques).
Certains compositeurs ont exploré plusieurs de ces catégories (Edgar Varèse, Pierre Schaeffer, etc...). Et, bien entendu, ces trois catégories sont réductrices, elles peuvent elles mêmes être éclatées pour faire apparaître le sérialisme, la musique spectrale, le minimalisme, le théâtre musical, la musique aléatoire, etc...). Bref, définir la musique contemporaine nécessite avant tout de penser cette notion au pluriel, tant le champ de création s’est élargi et est devenu éclectique, voire personnel depuis 1945.
En conclusion, cette musique, comme l'art contemporain en général, est toujours en mutation et encore voué à évoluer. Par conséquent, devant l'impossible exhaustivité (surtout en 10mn), comme la semaine dernière, je vous ai concocté, grâce à l'apport de l'outil informatique, un petit patchwork d’extraits de musiques contemporaines, que j’ai préalablement enregistrées et mixées entre-elles et qui va vous donner une très très vague impression de l’éventail sonore de cette univers, en 8 extraits!
1er extrait : « Amériques » d’Edgar Varèse. Edgar Varèse compositeur français de musique moderne puis contemporaine, naturalisé américain. Sa musique fait partie des influences de gens comme Frank Zappa ou John Zorn par exemple. Son morceau « Déserts » de 1954 provoque un immense scandale à Paris, comparable au Sacre du Printemps de Stravinski en 1913. Œuvre mixte avec un orchestre associé à des bandes magnétiques. « Amériques » que je vous propose est le morceau qui fait transition entre mes deux chroniques. C’est l’une des premières œuvre de Varèse, composé entre 1918 et 1921 et qui fait donc partie du répertoire moderne plutôt que du répertoire contemporain. Il fait cependant partie des racines évidentes du courant contemporain avec l’utilisation d’une sirène de pompier accordé sur l’orchestre tout au long de ce morceau.
2ème extrait : "Michaels
Reise un die Erde" de Karlheinz Stockhausen qui s'inscrit dans le théâtre
musical. Plus globalement son travail se construit autour de la
musique électroacoustique,
de la
spatialisation
du son et de la musique aléatoire (l’étendu de son œuvre est monumentale).
3ème extrait : « Apostrophe » de Pierre Schaeffer, l’inventeur de la musique concrète en 1948. Morceau concret composé avec Pierre Henry en 1951 et enregistré sur disques souples. Variation autour du mot "absolument" sur ce titre.
4ème extrait : « Vox 5 » de 1987, du compositeur anglais Trevor Wishart, dans le même style que Schaeffer (musique concrète) mais ici entièrement constituée de bruits de sa voix.
5ème extrait : « Messagesquisse » musique écrite pour 6 violoncelles, composé par Pierre Boulez en 1977, compositeur et chef d’orchestre français, fondateur puis directeur de l’IRCAM (institut de recherche et de coordination acoustique/musique), professeur au collège de France, directeur des orchestres symphoniques de la BBC, de New-York ou de Chicago, etc… etc… Créateur de l'Ensemble Intercontemporain, un ensemble de solistes dédié à l'exécution de la musique contemporaine. Un de maîtres de la musique sérielle.
6ème extrait : l’américain John Cage: "Concerto for Piano and Orchestra » de 1958. Cage était un compositeur de musique contemporaine expérimentale, philosophe, inspirateur du mouvement Fluxus (qui touche aussi bien les arts visuels que la musique et la littérature). Connu notamment pour le morceau intitulé « 4’33’’ » en 1952. Morceau prétendument de silence. Le morceau est "joué" par un pianiste sans qu’aucun son du piano ne sorte. Ce sont en fait les bruits imprévisibles du pianiste et du public qui doivent être considérés comme étant la partition de musique dans ce morceau. Il a également composé des morceaux un peu plus bruyant donc ce fameux "Concerto for Piano and Orchestra ».
7ème extrait : "Nirvana Symphony" du japonais Toshiro Mayuzumi: une cantate bouddhiste pour six solistes, chœur et grand orchestre. Personnellement ça m'évoque plutôt une œuvre de Stravinski qu’une cantate bouddhiste (à part les cloches bouddhistes peut être...).
Et enfin, 8ème et dernier extrait, un tube de la musique contemporaine : « Psyché Rock » de 1967, du français Pierre Henry, pionnier avec Schaeffer de la musique concrète. Morceau qui s'inscrit dans le mouvement de la musique concrète et plus globalement dans le mouvement de musique industrielle. Ce morceau a la particularité de pouvoir être lu à l'envers sans modification notable de la musique et a été remixé par Fatboy Slim et notamment utilisé comme générique de la série Futurama!
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Rappel des extraits passés: Ø Edgar Varèse: "Amériques" – 1918-1921 (Etats-Unis) Ø Stockhausen: "Michaels Reise um die Erde" – 1978 (Allemagne) Ø Pierre Schaeffer: "Apostrophe" – 1951 (France) Ø Trevor Wishart: "Vox 5"– 1987 (Angleterre) Ø Pierre Boulez: "Messagesquisse"– 1977 (France) Ø John Cage: "Concerto for Piano and Orchestra" – 1958 (Etats-Unis) Ø Toshiro Mayuzumi: "Nirvana Symphony" – 1958 (Japon) Ø Pierre Henry: "Psyché Rock" – 1967 (France)
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